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Assises 1995

SUITE ET FIN...

ASSISES NATIONALES ANRAT 1995

Le 30 septembre et 1er octobre 1995 se tenaient à Paris les secondes Assises de l’ANRAT en presence de représentants du ministère de la Culture et de l’Education, des représentants des assises décentralisées, tenues dans trente villes et qui ont rassemblé près de 2000 participants : enseignants, artistes responsables éducatifs, culturels et politiques, pour évoquer les enjeux du développement du théâtre et de l’éducation dans notre pays.
Le GRETE représentait notre région par une participation nombreuse.
Durant deux jours de nombreux intervenants se sont succédés et quatre thèmes ont été débattus : les enjeux de l’institutionnalisation, du développement, de la décentralisation et de la formation. A la suite de cette manifestation, qui rassemblait six cents personnes, l’ANRAT décidait d’envoyer une lettre aux deux ministères pour faire état du mécontentement et pour réclamer des mesures rapides sur deux questions sensibles, mises en évidence par les participants.
Il s’agit : de la transformation des ateliers de pratique artistique des lycées en options facultatives, refusée par beaucoup d’entre nous ; mal comprise ; certaines régions remettent en cause le partenariat artistique et pédagogique, originalité du modèle français auquel nous tenons et qu’il faut rétablir partout.
Du statut des artistes intervenants qui lors des interventions dans les projets en partenariat dans le milieu scolaire voient leurs competences considérées comme prestations de formation et non comme travail artistique ce qui les pénalise aux Assedic et contredit formellement le partenariat qui met justement en valeur la collaboration de l’artiste en tant que tel, avec l’enseignant dans les classes culturelles* les ateliers de pratique artistique* et les options* (cf. introduction vocabulaire du Partenariat).
La plupart des questions abordées à Paris avaient été repérées par le GRETE lors des Assises Régionales à Gap et Marseille.
A savoir :
• La nécessité d’affirmer et de développer le partenariat Artiste/Enseignant, de diversifier les relations Théâtre/Education, de la maternelle à l’université et de veiller à une répartition équilibrée sur tout le territoire ; ce qui entraîne le nécessaire développement culturel et artistique dans l’ensemble des régions.
• La nécessité d’imposer la notion de projet spécifique négocié, comportant trois axes complémentaires : voir des spectacles, pratiquer le théâtre et mener une réflexion, (cette pratique ne pouvant en aucun cas être pensée comme discipline) et la nécessité de favoriser des expériences novatrices.

ASSISES NATIONALES DE L'ANRAT :
PARIS 30 SEPTEMBRE ET 1ER OCTOBRE
Extrait de la synthèse de Mireille GRANGE, Présidente du GRETE

• La nécessité de développer la formation initiale et continue des enseignants, et la sensibilisation des artistes à ces pratiques.
• La nécessité de développer principalement ces actions de formations dans le premier degré et donc d'avoir des conseillers pédagogiques formés pour le théâtre.
• La nécessité d’assurer la relève, de transmettre l’expérience acquise aux jeunes enseignants et aux jeunes comédiens.
• La nécessité de développer des espaces de recherche où la transversalité des arts puisse se rencontrer.
• La nécessité de débattre sur les objectifs, le sens des démarches d’éducation artistique et culturelle.
• La nécessité d’engager de véritables politiques concertées entre Éducation, Culture, Collectivités, structures culturelles, artistiques et associations militantes qui ont les premières engagé ce mouvement de théâtre Education dans le milieu scolaire.

ASSISES NATIONALES DE L'ANRAT :
PARIS 30 SEPTEMBRE ET 1ER OCTOBRE
Extraits du Compte rendu de Marthe PAOLI, Vice-Présidente du GRETE

- Attention aux dérives possibles : il faut oublier cette hantise de la scolarisation, l’esprit disciplinaire,
le réflexe “chasse gardée” ; et s’ouvrir vers de nouveaux groupes d’enfants et de nouveaux partenaires. Il convient aussi de rechercher une répartition plus équitable des actions sur le territoire (rôle des commissions régionales).
Une erreur à éviter : celle de former des médiateurs professionnels. Il faut apprendre à dégager ce qui est essentiel, se libérer de l’artifice scolaire.
Quelques questions :
- les D.R.A.C. peuvent-elles gérer autre chose que des dossiers ?
- Peut-on lutter contre l’échec scolaire grâce au Théâtre ?
- Les compétences universitaires suffisent-elles à l’enseignant de Théâtre ?
- Les artistes ne viennent pas là pour une rémunération des plus modestes mais pour une certaine compensation à un passé de lycéen (du type “c’est moi le maître à présent !”)
La conclusion : ne pas s’illusionner sur le pouvoir du théâtre mais souhaiter pourtant son institutionnalisation à l’école et réfléchir sur un type de théâtre nouveau.
Jean-Gabriel Carasso
(directeur de l’ANRAT)
- 6 principes à défendre
1) réaffirmer la nécessité des relations institutionnelles Education Nationale / Culture
2) importance du caractère vivant de l’enseignement artistique
3) importance de la notion de projet et des acquis
4) voir des spectacles vivants et divers (travail de jeu et de réflexion)
5) continuer la spécificité française du partenariat
6) pas d’éducation artistique sans développement culturel

Que veut-on généraliser ?
- le goût du théâtre ?
- sa compréhension ?
- la généralisation d’une pratique ?

Anita Weber
(DRAC de Haute Normandie)
Les collectivités territoriales doivent se mêler de l’éducation artistique. Il faut mettre en relation des lieux, des personnes. L’idée de projet est dans les établissements mobilisatrice, dynamique.
Brino Bourg
(député maire de Châlon sur Marne et président de la commission des affaires culturelles à l’Assemblée Nationale)
Dans les collectivités territoriales s’enchevêtrent les compétences. Il faut des cadres qui permettent aux initiatives locales de se produire. Quel chef d’orchestre pour des projets transversaux ? Un enseignant, un artiste, une association…

Cette année encore, dans la rencontre du mois d’octobre de l’ANRAT des praticiens (comédiens, enseignants) pointaient les écueils : marginalisation d’une part ; digestion de l’autre, au point de devenir une matière du programme.
Difficile en effet de répondre à ces deux nécessités qui fondent le théâtre : temps et lieu adaptés.
Difficile aussi d’étendre cette parole subjective, cette parole du privé, dans une institution, où, par
nature le “je” est suspect.
Cependant pas de “jeu” théâtral sans “je”.
Pour apprivoiser cette relation entre théâtre et école il était beaucoup question de “médiateurs”.
Certains centres culturels assument une fonction de cet ordre, plus “accompagnateurs” et “incitateurs” que médiateurs.

ASSISES NATIONALES DE L'ANRAT :
PARIS 30 SEPTEMBRE ET 1ER OCTOBRE

Pour la préparation des Assises Annexes
extraits du rapport de l’ANRAT choisis par le GRETE pour son bulletin
Un cadre associatif
Le développement des relations du théâtre et de l’éducation dans notre pays n’existerait pas sans l’engagement, la passion et la générosité de nombre d’artistes et d’enseignants, de responsables culturels ou éducatifs, qui se sont engagés dans les différents projets. Notre association elle-même est le reflet de cet engagement.
Un contexte.
Après les années 50/60, phase du défrichage et des précurseurs, vinrent ensuite les années 70, temps de l’expérimentation, de l’Action Culturelle, de l’ouverture de l’école et les années 80 furent la période de l’institutionnalisation progressive et du partenariat affirmé entre la Culture et l’Education (Convention interministérielle de 83), mise en place des classes culturelles, ateliers de pratique artistique, bac théâtre, rencontres et festivals, formations, développement de la vie associative, ces dispositifs centrés principalement sur le secondaire, délaissant fortement l’enseignement primaire et l’université, ne concernent qu’une faible minorité de jeunes.
Le développement des relations théâtre/éducation, tel qu’il a été mené depuis une dizaine d’années, arrive à un seuil critique. Moyens limités ou réduits, dispositifs nouveaux, scolarisation excessive, prétention à la “massification”, interrogations sur le sens... Crise de croissance ou limites d’une ambition? La question est aujourd’hui posée, les réponses sont incertaines.
Deux enjeux majeurs se présentent à nous.
• Comment élargir le champ des activités, toucher plus de jeunes, sans perdre le sens de notre travail.
Comment maintenir les actions “de référence” et trouver en même temps de nouvelles formes de travail, plus souples, plus légères, plus largement accessibles ?
• Le second enjeu concerne la nature même des actions menées en partenariat entre des artistes et des enseignants et, à terme, le principe même de ce partenariat.
S’agit-il de conserver une part de l’esprit de l’Action Culturelle, de l’éducation active, faisant notamment référence au “projet” collectif des élèves, des enseignants et des partenaires extérieurs pour une approche active du théâtre...ou bien l’Education Nationale est-elle irrésistiblement en train de “recentrer” ces expériences pour les réintroduire dans des normes et des cadres plus traditionnels ? Ce mouvement de “re-scolarisation” est-il véritablement engagé ? Jusqu’à quel point?
Comment peut-on agir dans ce domaine ?
C’est donc dans ce contexte, et au regard de ces deux questions principales, que l’ANRAT propose une réflexion générale en trois étapes : Montpellier, Assises Régionales , Assises Nationales.


1/ Les idées force
Dans ce contexte, il y a nécessité (et urgence) à redéfinir (pour nous-mêmes, pour les instances de décision, pour le grand public): le sens, les objectifs, les principes, les modalités des actions théâtre/éducation.

A/ Le sens général est à affirmer:
- développement sensible de l’individu,
- éducation artistique et culturelle active,
- capacité à discerner,l’oeuvre du “produit”, l’art de la marchandise.
- formation du citoyen, autonome et responsable, héritier d’une histoire mais libre de ses choix artistiques et culturels, tolérant à l’innovation et à la différence.
- Il est enfin dans la recherche d’une cohésion sociale retissée par une pratique artistique collective et le partage des créations.
B/ Les grands objectifs des activités théâtre/éducation sont les suivants:
- la formation personnelle
- la connaissance de l’art théâtral et ses créations les plus contemporaines.
- l’ouverture à une pratique culturelle contemporaine, par la fréquentation des oeuvres et une approche des conditions (économiques, techniques, artistiques...) de leur production
- le renouvellement des formes de travail pédagogique et la dynamisation des structures et institutions culturelles et théâtrales.
C/ Quelques principes:
ont guidé notre action au cours de ces dernières années. Ils pourraient être ainsi formulés :
- le théâtre doit avoir sa place dans l’éducation
- la préoccupation éducative a (devrait avoir) sa place dans le “service public” du théâtre.
- une éducation théâtrale doit (devrait, pourrait) être menée à tous les âges (“de la maternelle à l’université”), selon des formes et des modalités adaptées et diversifiées.
- l’éducation théâtrale ne se limite pas au milieu scolaire. D’autres lieux peuvent y contribuer
- faire, voir et réfléchir sont trois aspects complémentaires indispensables de toute éducation théâtrale véritable
- une éducation théâtrale de qualité doit (devrait) être menée en relation avec la création vivante contemporaine
- le partenariat (les partenariats) entre artistes et enseignants est un élément majeur de cette relation
- les notions de “liberté” (d’initiative, d’engagement, de création, de prise de risque) et de “projet” sont essentielles à la qualité de l’éducation théâtrale. S’il convient de définir et d’évaluer les apprentissages acquis, toute “scolarisation” excessive est néfaste à l’éducation théâtrale elle-même
- l’éducation artistique est complémentaire du développement culturel. Une éducation théâtrale hors du développement de la vie théâtrale serait une illusion.
- toute éducation théâtrale de qualité passe par la qualification des formateurs (artistes et enseignants) et donc par leur propre formation initiale et continue.
D/ Les modalités de travail doivent prendre en compte les éléments suivants:
- tout enseignant devrait pouvoir agir (même modestement) dans le domaine de la sensibilisation théâtrale (y compris à l’intérieur de son enseignement)
- tout établissement culturel devrait agir dans le domaine de la sensibilisation théâtrale des jeunes spectateurs
- dans le cadre du partenariat, la diversité des formes est une nécessité (PAE, Classes culturelles, Ateliers, Jumelages, Options... et projets innovants)-
- les formes optionnelles, faisant appel au volontariat, sont à préserver. Elles ne sont pas les seules modalités d’approche possibles. Tout élargissement au plus grand nombre est à rechercher.
- l’approche théâtrale doit pouvoir être menée autant par des “pratiques” que par “l’école du spectateur”.
L’idéal est dans la complémentarité de ces deux éléments.
- Il est enfin indispensable que soient mis en place, au plus près des terrains, des espaces d’aide, de soutien, de reconnaissance et de concertation permettant de répondre aux initiatives et aux innovations dans le domaine théâtral.

2/ Questions en suspens
Compte tenu des objectifs et des principes cités ci-dessus, les principales questions en suspens sont à la fois générales et très précises:
- le principe du développement des relations théâtre/éducation est-il véritablement une preoccupation politique actuelle, notamment dans le cadre de la politique d’éducation artistique annoncée? Ou bien sommes-nous entrés dans une période de stagnation, voire de régression, de la volonté et des moyens ?
- la politique du “partenariat” a-t-elle atteint les limites d’un “vivier” d’enseignants et d’intervenants, ou bien est-il encore possible de la développer? Les structures théâtrales ont-elle la volonté, les moyens, de s’y engager plus fortement?
- qu’en est-il, dans ce cas, du “statut des artistes intervenants?
- au-delà de ce qui existe (pratiques de “référence!”), peut-on véritablement mettre en place de nouveaux dispositifs, qui permettraient à de nombreux jeunes une (ou trois ?) occasions de rencontre avec le théâtre au cours de leur scolarité ?
- comment faire pour éviter la scolarisation excessive et conserver l’esprit d’ouverture, de projet, d’action culturelle, notamment par le maintien du principe des Ateliers de pratique ou des projets “d’école du spectateur” ?
- comment faire pour multiplier la prise en compte de ce domaine par les collectivités territoriales (plans locaux, jumelages, sites...), sans verser dans la démagogie et l’affichage politique ?
- quelle politique nouvelle de formation devrait-on mettre en oeuvre pour concerner de nouvelles générations d’artistes et d’enseignants à ce travail ?
- et finalement, quelle peut-être la fonction de la vie associative dans ces différents domaines ?
Et le rôle de l’ANRAT ? (dans notre région le GRETE dont la présidente est par ailleurs au CA de l'Anrat).
Vers les secondes Assises Nationales Théâtre et Education
1/ Proposition générale
Nous proposons que l’année 1995 soit principalement consacrée à une vaste réflexion, à l’échelle du pays, sur la nature des relations théâtre et éducation, et sur le modalités d’un possible développement dans ce domaine.
Il s’agira d’aboutir, après une phase d’assises décentralisées, à une manifestation nationale importante permettant de mieux faire connaître l’existant, d’indiquer clairement les objectifs poursuivis et de présenter publiquement les propositions indispensables à ce développement: concernant les moyens, les dispositifs, les modalités pratiques, les formations, le statut des intervenants, les questions de création et de diffusion, etc.
Pour que ce processus soit utile et efficace, il importe que le maximum de partenaires y soit associé: enseignants et artistes, institutions culturelles, élus, médias, syndicats et associations, administrations, etc.

 

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