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La principale vocation du GRETE a été d'abord d'interroger l'intérêt des pratiques théâtrales en milieu scolaire et la manière de les conduire,puis d'expérimenter en partenariat avec les artistes, de recueillir des paroles sur des expériences d'artistes, d'enseignants, d'intervenants, d'élèves, d'acteurs, de spectateurs et de proposer des méthodes (fiches), des rencontres, des tables rondes, colloques sur des thèmes afin de renouveler ces pratiques et surtout d'explorer et de mener des expériences sur l'école du spectateur en travaillant sur le processus de création en inventant des ateliers singuliers autour des spectacles (Journées Pass'arts), d'explorer ce qui reste d'un spectacle, travailler sur les traces laissées par le spectacle en créant un dispositif original le Carrefour des arts, la mémoire et la pluridisciplinarité des arts afin d'éveiller le désir des élèves.

Le GRETE n'est pas un groupe de chercheurs universitaires, même si certains de ses membres ont mené en son sein des séminaires (ex : Ursula Meyer et Pierre Voltz), mais il tente sur chaque expérience de conserver une mémoire afin de constituer un savoir faire transférable même si l'originalité des évènements essentiels à la démarche ne subsiste que dans les mémoires, les dossiers ne pouvant transmettre que le discours et non les expérimentations ni les productions (voir Publications).

Le site du GRETE veut témoigner des différentes étapes de l'histoire des pratiques du Théâtre à l’École depuis les années 1985.

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*Quelques points de vue sur :

Éducation artistique en danger !
Les Ministères EN et Culture ont choisi d’autres priorités, la formation artistique et culturelle de nos élèves dans le cadre des ateliers artistiques va, après une envolée du plan LANG, se rétrécir en peau de chagrin. Soyons vigilants et dans notre mission éducative faisons une place à la découverte culturelle au sein de nos enseignements quotidiens en allant par exemple à la rencontre du spectacle vivant et des artistes, en investissant la dimension artistique dans les travaux croisés, les TPE et tout autre dispositif pluridisciplinaire et en refusant que soient anéantis les progrès arrachés par les militants des années 70.
Disons le, la relève doit-être prise et doit inventer de nouvelles formes pour une véritable et légitime éducation artistique et culturelle, droit nécessaire à tout citoyen et garant de sa singularité de sujet.
Les propositions actuelles de l' "Histoire des arts " et les réformes du collège et du lycée ne sont-elles pas mortelles pour les pratiques artistiques en partenariat avec les artistes ou au contraire ces nouveaux textes peuvent-ils engager une nouvelle étape de développement : tous les établissements scolaires et les structures culturelles étant concernés ? C'est à nous d'agir !

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THÈMES :

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- LA REPRÉSENTATION

 

-  HISTOIRE DES ARTS (voir la section Art et artistes)

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L'APPORT DE L'ARTISTE (voir la section Art et artistes)

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PÉDAGOGIE ARTISTIQUE ? (voir la section Art et artistes)

L’EXPÉRIENCE DE LA REPRÉSENTATION.
(voir la section séminaire du jeune spectateur dans École du spectateur).

Le Théâtre est-il coupé des préoccupations de notre société ? Les jeunes ne s’y reconnaissent-ils pas ? N’ont ils plus aucun lien avec notre culture ? Le théâtre a-t-il besoin de clients, d’un public pour demain ? La pratique théâtrale serait-elle l’antichambre pour devenir spectateur ?
Lors d’une rencontre GRETE sur “La Représentation” comme tous nos thèmes abordés sous les deux versants du “Faire et du Voir”, les élèves présents ont affirmé la nécessité d’une école du spectateur pour leur faire découvrir, leur donner le goût, mais aussi leur faire connaître les conventions, l’histoire du théâtre.
Une école, parce qu’il est difficile de faire l’expérience de spectateur dans le noir du théâtre pendant plusieurs heures quand on a l’habitude de zapper (2), difficile de faire silence en soi, écouter l’autre vie sans commenter ; difficile de laisser venir des émotions, de les gérer, de différer, et disent-ils “c’est en vrai, pas comme à la télé”, “ça transforme, c’est de la vie, c’est en direct, ça peut bouleverser”.
C’est difficile de se sentir dans un même espace avec d’autres côte à côte, public anonyme dont les liens se tissent peu à peu, sentir l’autre, le corps de l’autre, sa respiration, le souffle à l’unisson, le silence, les rires ; corps des spectateurs, corps des acteurs, c’est difficile; le corps est l’élément primordial, il est au centre de l’expérience théâtrale, de même que l’inconscient du spectateur.
On se défend de la sueur, des postillons, des vibrations, de la vie quoi, mais aussi de l’ennui. Ça remue à l’intérieur, les sensations, il faut apprendre à les laisser venir, se laisser traverser par l’expérience, laisser pénétrer ces images par effraction mettant en éveil les profondeurs de la mémoire qui fait vivre des pans entiers de la psyché.
Mais c’est aussi plus facile, l’anonymat du noir permet de cacher mes émois, me permet la distance, moi et un autre. Un travail en sourdine sur une autre scène qui se dissimule dans les profondeurs de l’être, entendre quelque chose se formuler en soi, sans l’avoir cherché et accepter la contradiction : c’est difficile et l’on se défend : “le théâtre bof”, ou bien l’on parle avec sa voisine et l’on dit “on s’ennuie au théâtre”.
Pourtant la représentation a ses vertus : cérémonie ou l’on attend l’autre, rires et silence insuffleront de la force ou en retireront à l’acteur, donc le spectateur a un rôle essentiel à tenir, et les élèves doivent y être initiés.
Le spectacle mobilise un regard, l’adresse à l’autre : il permet comme le rêve un dévoilement.
ll faut prendre le risque avec la jeunesse, donner le droit au rêve, à la non rentabilité, à ce que nous ne connaissons pas. Ne faire du spectacle qu’une analyse intellectuelle c’est peut être faire fausse route, laissons émerger la béance, organisons autour de ce vide.
Comprendre les signes, être averti des systèmes de références, apprendre que le théâtre a une histoire à laquelle les formes actuelles se réfèrent , avoir une culture, reconnaître les présupposés, les choix esthétiques, culturels, sociaux, pouvoir les démystifier c’est aussi être en mesure d’apprécier, de comparer, découvrir ses goût profonds, de n’être plus spectateur naïf mais savoir déchiffrer le monde.
Quelque chose a eu lieu.
La représentation met en signes (“tout est signe mais aussi tout est jeu”) le regard de spectateur ne doit pas être modulé par l’élaboration d’une grille de lecture : attention au système clos de signification car la scène n’est pas un lieu de certitudes ni de vérités, tout s’y métamorphose, jouer c’est déplacer les signes, la théâtralité est interrogation du sens.
Le spectacle s’adresse au spectateur singulier, à sa disponibilité, à sa subjectivité quelque soit son origine sociale et son niveau de connaissance. Le laboratoire du spectateur doit ouvrir la sensibilité et non pas renforcer l’intellectualisme de l’école.
Former le regard pour permettre un plaisir plus grand. Permettre qu’une parole s’ élabore.
Être spectateur c’est un acte d’amour dans cette société de haine; il ne s’agit pas pour moi de former un spectateur mondain cultivé mais un être sensible responsable et cultivé, capable de s’engager ; un spectateur responsable a un rôle essentiel à jouer dans le spectacle, comme dans la démocratie, le citoyen.
M. G.

FICHE ÉCOLE DU SPECTATEUR : NOS PRIORITÉS
- développer dès le plus jeune âge une pratique de spectateur sensible et diversifiée (même si nous constatons qu’il est souvent plus difficile pour les enseignants d’introduire une démarche de spectateur que de mener un travail théâtral) .
- réclamer des conditions d’accès au spectacle acceptables à tous :
* la libre circulation ,la place accessible à 4 à 8 € et non l’abonnement pour diversifier les approches du spectacle vivant (la généralisation du PASS’ARTS par exemple, créé par le GRETE en 1987 et actuellement avec l’aide de la Drac et l’Action Culturelle du Rectorat d’Aix pourrait être une solution si les collectivités territoriales voulaient bien en faire un projet avec les ministères Éducation Nationale et Culture )?
*l’expérimentation et la pratique d’atelier avec les créateurs autour des spectacles
« Que choisir? Préparer ou pas le spectacle avant a près ? Laisser aux élèves seuls faire la rencontre avec les spectacles ? tout est possible,il faut inventer,
En tout cas il est essentiel :
- de donner aux élèves le désir de goûter un spectacle,
- de mettre leur appétit et leurs sens en éveil
- faire du spectacle de théâtre une expérience esthétique à part entière et le centre d’une initiation culturelle et artistique pour former un jeune spectateur averti et sensible au spectacle vivant, aux arts et à la création contemporaine :«L’expérience de la représentation est d’abord une expérience sensible, intime et singulière.Parler d’un spectacle c’est toujours parler d’une expérience personnelle, de soi-même et de son rapport au monde, c’est toujours engager sa subjectivité en tant que sujet où l’inconscient se mêle à l’histoire, aux références esthétiques et culturelles de son milieu ou acquises à l’école.”
- permettre au moins l’ échange essentiel entre spectateurs et artistes avant, après, et établir un partenariat avec différents théâtres à défaut d’inventer avec eux des démarches spécifiques donnant place à une pratique d’atelier et à la création (cf journées Pass’arts).
“ Éduquer le regard et l’écoute de l’élève, ce n’est pas offrir des modèles, des références d’analyse de positionnement culturel critique seulement, mais bien plutôt essayer d’expérimenter que le spectacle, tout comme le rêve, permet un dévoilement et que le spectateur fait l’expérience de l’altérité qui fonde le sujet et à rebours le parcours de la création.”
Il est nécessaire,après l’expérience de la représentation d’aborder quatre moments juxtaposés ou superposés :
- partage de l’éphémère : réaction émotive, échanges
- conserver des traces : propositions créatives (jeux littéraires, plastiques, gestuels...)
- construire l’appropriation, donner des repères, des références.
- permettre l’évaluation : l’élève doit pouvoir apprécier lui même son parcours, ses goûts, son plaisir et devenir autonome dans ses choix, tout en les comprenant.
donc
- fabriquer un lieu d’échanges où le sensible, l’intime, la parole individuelle et collective, les repères et le jugement critique puissent s’élaborer et les élèves se responsabiliser afin de parvenir à l’autonomie de leur goût.
- affirmer le droit de l’élève à l’information à l’école (panneau, programmes.,délégués culturels..) à l’accueil,dans les théâtres et à la rencontre avec des artistes, à l’expérience de spectateur avec pratique artistique ou expérimentation.
“ le spectacle de théâtre par essence pluridisciplinaire peut être au centre d’une initiation artistique des élèves et faire découvrir les arts :par exemple :en passant par des expériences réalisées en ateliers après avoir assisté à un spectacle, en faisant appel aux résonances qu’il provoque ,à l’imaginaire : expérimentation du “Carrefour des arts.”

ET SI L’ART ÉTAIT UNE NÉCESSITÉ ?
Cessons de rechercher le théâtre à l’école pour les «bienfaits» (fédérateur de projet, apprendre autrement) qu’il procure, pour ses retombées sur la socialisation, le développement personnel qui se feraient de toutes façons. Introduisons le théâtre parce que c’est un art, un art à la croisée de l’intime, du social, du politique que l’école doit reconnaître comme tel sans souci pédagogique premier . Affirmons que l’art est nécessaire à l’homme tout comme l’air qu’il respire, l’art, à la fois recherche personnelle de la vérité, remise en cause par l’expérience de la sensation, de l’émotion, expérience vécue, faite d’itinéraires irréductibles. A un moment où l’homme face à l’informatique, au virtuel, doit inventer chaque jour, la démarche artistique lui est indispensable : apprendre à cerner l’inconnu, à percevoir l’insaisissable permettre ce va et vient entre le dedans et le dehors, l’intime et le social. La création théâtrale permet d’ affronter l’inconnu qui nous fait peur, permet l’accession au symbolique, la création de langage et l’appropriation du monde par le sujet.
Réaffirmons que l’expérience d’une démarche artistique empirique, brouillons successifs, qui valorise tâtonnement, reprise, abandon, où les échecs et le temps passé participent de la maturation, de l’exigence artistique. et de la forme finale est complémentaire d’une démarche scolaire où l’on doit faire preuve de compétences, rentabiliser le temps, prévoir les étapes, les acquis de savoir faire, de savoir être .Cette tension entre les exigences universelles de l’éducation et les expériences singulières de l'art est bénéfique.
La présence de l’artiste est irremplaçable à l’école, il est celui qui donne accès à l’intime, et qui sait le mieux rendre partageable, et mettre en relation le monde et l’intime par l’élaboration d’une vision du monde, de formes nouvelles qui font découvrir à l’élève qu’il peut à son tour faire œuvre, inventer son rapport au monde, devenir artiste de sa propre vie.
La démarche artistique se nourrit du vide, des failles, des blocages, des limites, de la singularité de la personne, elle confronte chacun à ce qui est unique et incommunicable de soi et de l’autre. Osons fonder l’altérité en apprenant que l’autre est différent de soi et que le respect de chacun est fondé sur cette différence irréductible et non sur ce qui est commun et qui peut conduire à l’exclusion de l’autre différent.
À un moment où le sujet est mis à mal par la déconstruction, la crise, la réponse artistique est un des derniers lieux où l’humain peut se fonder. Il ne s’agit plus d’accumulation ni de comblement mais d’apprendre à vivre et de retrouver le sens de la vie, quand l’économique fait défaut, c’est urgent.
M.G.

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VOIR FICHE PARTENARIAT N°1 JANVIER 1991...

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