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Assises 1995

SUITE...

SECONDE ÉTAPE DES ASSISES :
GAP 19 AVRIL 95 AU THÉÂTRE DE LA PASSERELLE
LES ASSISES RÉGIONALES OU «DES MULTIPLES USAGES DU THÉÂTRE»

MIREILLE GRANGE - Présidente du GRETE
INTRODUCTION
Pourquoi organiser des Assises et à Gap ?
Cette journée s’inscrit dans un large processus de consultation et de réflexion pour interroger les relations du théâtre avec l’éducation mais aussi, proposer de nouvelles innovations .
Le GRETE a choisi de faire l’état des lieux et des pratiques : «voir et faire du théâtre» dans les Hautes Alpes, l’un des 13 territoires expérimentaux de la politique des sites de la maternelle au secondaire.
Et pour cela approfondir les objectifs, le sens, le cadre, les modalités, les pratiques de la maternelle à la terminale, mais aussi hors du temps scolaire, dans la ville, le village.
Le rôle des différents partenaires et institutions sans oublier les associations et bien sûr les collectivités locales.
Nous sommes à la fois dans un espace éloigné des grands centres et qui n’a pas toujours bénéficié du contexte favorable des dix derniers années : aujourd’hui il est un site expérimental.
Le contexte : après avoir expérimenté en France l’ouverture de l’École, que l’Action Culturelle favorisait dans des démarches nouvelles avec des partenaires dès les années 70, les années 1980 ont institutionnalisé ce qu’on appelle le partenariat Éducation Nationale-Culture avec la mise en place en 1983 d’une convention interministérielle qui a permis le développement des classes culturelles, des ateliers de pratique artistique, les options théâtre menant au BAC et la formation conjointe enseignants- artistes.
Ce dispositif nouveau proposait un modèle original dans le monde, qu’on appelle “le partenariat”, une confrontation entre deux logiques différentes, deux mondes destinés à s’enrichir mutuellement celui de l’artiste engagé dans un processus de création, dans un risque qu’il entend partager avec les élèves. Il ne s’agissait pas de faire appel à un spécialiste de l’intervention, à un médiateur dont la proximité est plus grande avec l’école, mais bien d’engager une démarche de recherche, de projet, de risque, de rencontrer la singularité de l’artiste. Cette démarche a touché moins de 1% des élèves et 10% des établissements.
Il restait bien sûr d’autres dispositifs comme les PAE où l’intervenant apportait sa profession, son savoir faire et non pas ce risque là, cette béance du non-savoir, de l’élaboration ; comme le GRETE l’analysait dans le dossier sur le partenariat en 1988, il fallait une véritable négociation pour mettre à jour le projet des trois parties : élèves - enseignants - intervenants, la reconnaissance des spécificités de chacun, une mise à plat de la nature des objectifs, du contrat, de l’éthique ; le théâtre n’était plus un outil au service de l’éducation mais une finalité de la démarche artistique.
A qui s’adresse-t-on ? A ceux qui acceptent une démarche particulière…
Redéfinissons bien :
Option / Atelier / Classe Culturelle / sont en partenariat avec l’Éducation Nationale et la Culture.
Les partenaires sont choisis pour faire partager aux jeunes leur démarche de créateur. Dans les PAE, PAC cet objectif n’est pas obligatoire, il s’agit de sensibilisation, d’ouverture au monde professionnel. « Faire et voir»
Aujourd’hui il faut élargir, dépasser l’expérimentation, offrir à chaque enfant un parcours artistique ; cela veut dire davantage de propositions plus courtes, davantage de partenaires et pas seulement dans l’école mais aussi dans le village, dans la ville.
Quoi ? Mais aussi pourquoi ? Comment ? Par qui ?
Par exemple : Permettre aux jeunes de faire du théâtre mais aussi d’en voir et de rencontrer la transversalité des autres arts.
En octobre 93, quatre protocoles signés par les ministères Culture - Éducation - Jeunesse et Sports - Enseignement supérieur et Recherche proposent d’associer l’ensemble des partenaires.
Comment mettre en place une nouvelle politique pour que l’enfant ait droit à une formation artistique à l’époque des multimédia, du CD Rom (texte, illustrations, photos animation sur voix, fibre optique). Il s’agit de dématérialisation, d’une réalité virtuelle qui commence à effacer la distinction sur laquelle nous vivons depuis Platon entre réel et imaginaire ; face à cela est-il raisonnable de parler d’éducation artistique, ne sommes-nous pas en retard d’une génération ? Plus que jamais, après l’ordinateur et le système binaire, avec la fibre optique, l’éveil de la sensibilité, la rencontre avec l’autre et sa singularité, sont au centre, sans rappeler la formation du citoyen, libre de ses choix et capable de discerner à terme l’œuvre du produit, l’art de la marchandise.
Le théâtre doit avoir sa place dans l’éducation et la préoccupation des jeunes, et sa place dans le service public du théâtre.

THÉÂTRE-ÉDUCATION DANS LES HAUTES-ALPES- SITE PILOTE
D'UNE NOUVELLE POLITIQUE. NATIONALE

Le mercredi 19 avril 95, 10-16h, théâtre de la Passerelle à GAP
Analyser ce qui se passe ou pourrait se passer dans un département dit «isolé culturellement» et choisi comme lieu d’expérimentation de la politique nationale des «sites» :
- où en est la pratique théâtrale (acteur/spectateur) et la relation des artistes à l’école, au collège, au lycée ?
- Quel sens, quels objectifs, quelles modalités lui donner ?
- Comment inventer ensemble, artistes, enseignants, responsables culturels, élus, parents d’élèves, une politique de site qui permettrait à chaque élève une véritable expérience artistique au cours de sa scolarité avec l'ensemble des partenaires (Protocole signé par les trois Ministères :Education Nationale, Culture, Jeunesse et Sports ) en lui offrant des parcours singuliers.
Le faut-il et pour quel devenir?

PROGRAMME DE LA JOURNÉE
9 H45 - ACCUEIL
M. Reiso Théâtre de la Passerelle Gap
10 H00 - INTRODUCTION
Les Assises Régionales : ou "Des multiples usages du théâtre et du partenariat"
Mireille Grange (GRETE)
10H20 - TRAVAIL EN 2 COMMISSIONS
Etat des lieux et des enjeux dans une politique de site.
Les pratiques : l'enfant acteur / spectateur.
Le partenariat.
Recensement des besoins.
Propositions et utopies.
14 H00 - BILAN DES COMMISSIONS
15 H00 - DEBAT
« De l'utopie à la réalité, quels projets futurs sur le site ?» en présence des responsables culturels, des élus, des élus responsables culturels…

BILANS ASSISES GAP 19 AVRIL 1995
Rapport de la première commission
La spécificité de ce département alpin a été très largement été évoquée, on a noté :
• avant toute chose, la pauvreté des ressources des collectivités locales et par conséquence la difficulté de dégager des budgets particuliers,
• la grande difficulté des déplacements qui accroit considérablement les coûts des transports,
• l’incompréhension de certaines collectivités rurales devant les problématiques de l’Action Culturelle,
• la concentration des structures professionnelles de référence sur deux municipalités et de ce fait le besoin de définir leur mission sur cette activité particulière ou de créer des complémentarités à avec d’autres établissements
• enfin l’absence de compagnie théâtrale professionnelle à côté d’une série d’initiatives de groupes de théâtre amateurs.

PARTIE 1 : LES BESOINS CONCRETS
A- les moyens d’une circulation :les problèmes de liens à différents niveaux ont été évoqués :
- un besoin d’information sur les projets et programmes de chaque structure, entre les collèges, sur les possiblités des associations du département.
B- les besoins de lieux et de matériel :
un recensement des lieux utilisables a été demandé.
Les participants ont noté plusieurs problèmes : celui des lieux fermés non accessibles, ou avec des calendriers d’occupation inadaptés au temps scolaire, celui des lieux inadaptés et non réservés dans les établissements eux même, celui du matériel non utilisé.
C- le partenariat :
le partenariat a été au cœur des débats.
Différentes difficultés ont été pointées :
- celle de pouvoir simultanément lier sur un projet la structure, les intervenants artistiques et la collectivité locale, chacun d’eux se situant sur des logiques de temps différentes ;
- celle l’éloignement des intervenants et des partenaires associatifs, la difficulté de pouvoir repérer ceux qui sont «agréés» par la DRAC, les critères de celle-ci ne paraissant pas suffisamment explicites ; d’une façon générale, on a souhaité, malgré la mobilité des intervenants, les problèmes de transports et du coût des déplacements, pouvoir assurer la pérennité des actions et travailler dans le sens d’un ancrage plus cohérent.
D - la mise en œuvre :
Au-delà de ces points se sont posés les problèmes de mise en œuvre des actions.
Ici, la méthode pour initier un projet a été rappelée par la DRAC :
Il faut élaborer un cadre de travail, (contenus, durée, modalités et partenaires), le soumettre aux services concernés ; une série de regroupements et de recoupements est alors opérée, on redéfinit le projet pour permettre une mise en oeuvre adaptée et ajustée qui constitue alors le dossier définitif.
Du point de vue de la pérennisation, ont été entendues différentes difficultés liées au passage d’un type d’action à une autre ex: comment un club théâtre peut déboucher sur une classe de pratique artistique ou comment peut-on progresser vers la mise en place d’une école du spectateur.
E - la formation des enseignants :
Sur ce thème les participants ont pointé deux demandes
- besoin d’information sur les dispositifs existants
- besoin de précision ou de redéfinition des contenus.

PARTIE 2 : LES SUJETS DE FOND
A - la réalisation d’un spectacle est-elle une fin en soi ?
Différents points de vue se sont confrontés sur ce sujet qui reste ouvert, il pose en effet directement le problème des objectifs, de la nature de l’apport pédagogique dans le cadre de ces programmes ; plusieurs questions sont donc restées sans réponse :
- la réalisation du spectacle amateur est-il le but de l’atelier théâtre,
- les élèves sont-ils obligatoirement acteurs en représentation ?
- la rencontre avec le public que propose la représentation, est-elle importante et de quel point de vue ?
- le spectacle en représentation est-il :
- un moyen de motivation ?
- une preuve ?
- un moyen de comprendre le théâtre comme communication ?
- une façon de faire comprendre l’entreprise théâtrale ?
- la projection de la réussite du professeur
- une forme de pression sur les intervenants ?
- une modalité pour élaborer des critères, et former le jugement critique ?
- une école de tolérance ?
La seule réponse apportée au-delà des différences de point de vue de chacun a pris la forme d’une recommandation : définir finement les objectifs avec les partenaires.
B - la question de l’artiste :
Le débat a été traversé à plusieurs reprises par des questions sur la responsabilité de l’Artiste et sa motivation, quelques intervenants ont apporté les réponses suivantes :
- «créer» des spectateurs futurs
- créer des enfants capables d’ouvrir leur regard et capables d’aimer, de s’enthousiasmer
- faire comprendre que le théâtre existe par les personnes qui le crée et ainsi permettre la comprehension des différentes fonctions : scénographe, dramaturge, auteur.
La question de la liberté du rapport avec l’intervenant a été soulevée comme possibilité d’ouvrir une relation différente de celle de l’élève avec l’enseignant.
C - la sortie d’une logique d’animation : sur ce point complexe, un intervenant a tenté d’analyser les effets induits des modes de financement et des procédures de décisions et de planification ; sur la nature même des actions, il soulignait une évolution vers une logique de tutelle.

PARTIE 3 : LES IDÉES ET LES UTOPIES
À la demande des organisateurs, chacun a pu émettre toutes sortes de suggestions, sans restrictions, de contraintes et de moyens, voici la liste des idées émises :
- la création d’une «scène départementale» avec mission de partenariat pour ce type d’action,
- le soutien des pratiques amateurs par des professionnels,
- des résidences de compagnies sur différents points du départemeent, pour créer un spectacle commun,
- le «pass-art» généralisé pour tous les enfants du département,
- l’implantation d’une compagnie professionnelle
- créer une pépinière sur la base des compagnies amateurs
- à la Passerelle le projet de mettre en place une unité de fabrication capable de réaliser l’ensemble de tâches liées à la production théâtrale,
- mettre concrètement en place le projet d’un parcours dans l’ensemble du département dans le cadre de la politique de sites,
- à Gap, aménager le CMCL pour les représentations et mettre en chantier une salle des fêtes destinée aux activités des associations,
- la création d’un fond propre pour la prise en charge directe des coûts de déplacements des élèves et des intervenants.
De cet ensemble foisonnant dont on peut bien percevoir les recoupements avec les questions concrètes et les problèmatiques de fond ont été extraits trois priorités :
- la programmation du parcours dans le département : chantier à ouvrir dès que possible,
- la mise en place des recensements des moyens techniques et des ressources humaines du département,
- la mise en place de tous les moyens concrets pour résoudre les difficultés liées à la spécificité du département.

RAPPORT DE LA DEUXIÈME COMMISSION
1 - PRATIQUES ET ÉTAT DES LIEUX

Un rapide tour de présentation permet de constater les diverses origines des participants, tous très intéressés par le débat. Ainsi on peut noter la présence d’instituteurs - de milieu rural et urbain - (écoles de Réallon, du Champsaur, de Serres, de Briançon, Guillestre) et de lycée général ou professionnel
(Briançon, Embrun, Gap - Briand et Villars), de Madame Senn, chef d’établissement du lycée Briand de Gap, de représentants de structures culturelles : Michelle Baudouin, directrice du CMCL de Gap, Madame Valla directrice du centre culturel de Briançon, Monsieur Pasquier, Délégué au Service des Affaires Culturelles de Château Arnoux, Monsieur Reiso, Directeur du théâtre La Passerelle de Gap ; Sophie Laurence Théâtre Municipal ou Directrice Théâtre Sainte Tulle et d’intervenants M. Pico et N. Cook.
L’intervention de chaque participant montre l’intérêt de chacun à ce débat, le besoin de s’exprimer sur le sujet - qui semble passionner tout le monde - mais aussi la nécessité de faire évoluer la situation qui n’est pas toujours satisfaisante. Ainsi transparaissent les nombreux liens qui unissent l’école - quel que soit le degré - et le théâtre ou la pratique théâtrale, et la volonté d’éveiller les élèves à cet art, encore considéré par certains parents comme un passe temps, un loisir et non comme un maillon de la culture et de l’épanouissement. On peut résumer le contenu de ces interventions selon la «fonction» des participants.
A - Du côté des enseignants :
De l’école maternelle au lycée, il faut noter l’abondance des projets et la multiplicité des pratiques – de la découverte des spectacles à la création. Parmi les nombreux et divers projets, certains aboutissent grâce à :
- la volonté, la passion, la combativité des enseignants qui acceptent de faire du bénévolat, de travailler
dans des espaces interstitiels ;
- l’obtention de subventions, qui existent certes, mais qui se révèlent le plus souvent insuffisantes - subventions attribuées par les communes, le département, les établissements, le rectorat ;
- l’action des intervenants extérieurs - agrées ou non.
Mais il y a malheureusement de nombreux projets qui ne peuvent pas aboutir à cause :
- du manque de subventions ;
- des problèmes de transports dans une région montagneuse ;
- des difficultés d’horaires, à l’intérieur des emplois du temps et des programmes officiels ;
- du manque de salles ou de lieux de représentation - ainsi certains ont dû faire appel à la bonne volonté du curé qui a bien voulu «prêter» l’église pour la circonstance ;
- du manque de troupes de théâtre vers lesquelles devraient pouvoir se tourner les enfants déjàouverts au théâtre.
B - Du côté des intervenants :
Ceux-ci interviennent à tous les niveaux, en fonction des demandes et des nécessités. Ce peut être un travail d’initiation, d’acteur ou de formation de spectateur. Les problèmes qu’ils soulignent sont :
- d’être reconnus car leur rémunération et leur survie sont en jeu ;
- l’absence de troupes permanentes à La Passerelle ;
- leurs rapports avec les grosses structures - du types de La Passerelle - qui sont subventionnées et draînent vers elles les spectateurs, alors que eux font un important travail sur le terrain, sans en tirer les bénéfices, ce qui explique qu’ils ont du mal à subsister face au chômage qui les touche.

2 - SENS DU THÉÂTRE ET UTOPIES
Interrogés sur leurs démarches et sur ce que représente pour eux le théâtre, les participants ont exprimé des avis divers mais assez proches, dont on peut rappeler les formules le plus souvent employées.
Le théâtre est conçu comme :
- un moyen de faire entrer un processus de création, à tous les niveaux ;
- une aide à vivre ;
- un facteur d’épanouissement et de communication ;
- un moyen de lutte contre l’individualisme et un facteur d’égalité ;
- une quête de la vérité ;
- un accès à la culture dès le plus jeune âge ;
- une école d’ouverture sur l’écrit, l’oral et l’action ;
- un moyen d’accéder au rêve, aux émotions et à la culture ;
- un art à l’état pur et un art du vivant ;
- un facteur de rencontre avec d’autres, dans un milieu artistique.
Quant à leurs vœux, les utopies qu’ils souhaitent voir se réaliser, là encore les avis sont assez proches, quelle que soit la situation de chacun.
On peut ainsi proposer :
- la multiplication de moyens financiers ;
- la création d’un «printemps» des collèges ;
- l’accès au théâtre, conçu comme un espace culturel de proximité ;
- la nécessité de faire du théâtre un vrai espace d’enseignement ;
- l’obtention de lieux de pratique et/ou de création,
- de plages horaires spécifiques,
- et la mise en place d’une plus grande collaboration ;
- la nécessité d’alléger les programmes pour pouvoir pratiquer le théâtre ;
- la mise à la disposition des enseignants de personnes compétentes et qualifiées ;
- la possibilité, pour les artistes, de vivre de leur art ;
- la prise en compte du théâtre dans les IUFM
- l’instauration d’une Action Culturelle à deux vitesses : pouvoir travailler sur la masse et avoir des groupes de travail plus privilégiés pour ceux qui veulent aller plus loin ;
- la création d’un organisme spécifique qui permette de renseigner et de mettre en relation les personnes intéressées.
Les trois questions retenues :
- les lieux et le temps (temps interstitiel) et les transports ;
- la légitimisation des intervenants locaux, en fonction de leur formation et des projets défendus ;
- l’insuffisance des moyens financiers.

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FICHE: ÉTAT DES LIEUX GAP
(forcément incomplet établi par les participants de Assises)

Lieux et technique : Centre de ressources, à Veynes. (Projecteurs - studio enregistement) gratuit
- à Gap : Centre Municipal Culture et Loisirs (CMCL) : salle correctement équipée – location modique mais saturée de demandes - car elle est aussi salle des fêtes… (nécessité ne plus être salle des fêtes)
Il y a d’autres salles… mais peu appropriées et sans équipements. (sauf Chapelle des Pénitents - surtout propre à la voix la musique de chambre et salle du cinema “ le Centre” - qui dispose d’une scène mal équipée en éclairage… privée, libre le lundi seulement)
Établissements scolaires :
Lycée A. Briand : 1 salle “polyvalente” - sans équipements et non réservée à l’atelier théâtre
Lycée D. Villars : 1 salle (100 places environ) avec scène
Collège Mauzan : 1 salle avec scène - peu accessible (90 places) aux autres scolaires, du moins il y a quelques années ! Je n’ai pas renouvelé des tentatives…
Collège Centre Gap
Collège Sud ?
LEP Paul Heraud
LEP Sévigné : gymnase…
LEP agricole
Salles de quartiers : 3 ou 4 - difficiles à obtenir - peu propices à la représentation.
Ressources
Ressources humaines…
- au moins 5 troupes de théâtre amateur (à Gap seulement) : chacune avec un genre préférentiel
- autres troupes d’amateur (chant lyrique et autres) - danse (axée sur la recherche de l’expression).
- des indépendants en milieu scolaire (primaire et collège) et qui participent aussi à des creations (bénévoles) en aidant des associations diverses, ou on crée des associations (possibilités : formation de danse / scénographie / décor / éclairage / initiation au jeu théâtral son et musique au théâtre.)
Lieux de programmation soutenus par la culture :
• Théâtre de la Passerelle à Gap - Directeur M. REISO
• Centre Culturel de Briançon - Directeur Mme VALLA
Le GRETE a participé à l’ensemble du processus de réflexion sur Théâtre/Education en organisant les Assises décentralisés le 22 février 95 à Massalia à Marseille et le 19 avril 95 au Théâtre de La Passerelle à Gap.
Plus de 80 personnes à Marseille et 100 personnes à Gap ont assisté aux assises en présence des représentants de la DRAC et du Rectorat : intervenants en milieu scolaire, artistes amateurs et professionnels, représentants des structures culturelles sont venus nombreux montrant ainsi leur intérêt pour cette question.
À Marseille enseignants du primaire et conseillers pédagogiques et à Gap chefs d’établissement, enseignants du primaire et du secondaire (Collèges, Lycées, LP) et délégués aux affaires culturelles et même l’adjoint à la Culture, étaient présents.
Tous ont exprimé le plaisir de se rencontrer, la nécessité d'un tel débat face à l’isolement de leurs pratiques. Tous ont réclamé que leurs démarches soient facilitées.
Au besoin de s’exprimer sur le sujet s’ajoutait le désir de faire évoluer la situation qu’ils ne jugeaient pas toujours satisfaisante.
Ainsi à Marseille étaient mis en évidence :
D'une part les difficultés de la prise en compte de ces pratiques par la hiérarchie dans le premier degré, et de l'autre la nécessité de développer la formation des enseignants.
Nous constatons :
- que la pratique de spectateur a lieu surtout à l’intérieur de l’école
- la faiblesse des démarches vers les théâtres car ils ne sont pas adaptés à la demande du jeune public
- la nécessité de spécialiser un lieu théâtral "jeune public".
Quelle politique pourrait-elle être mise en place avec l’aide des municipalités qu’il faut convaincre ?

Qu’a-t-on constaté à Gap ?
* D’abord la problématique des Hautes Alpes département isolé doit être prise en compte :
- à la pauvreté des ressources des collectivités locales s’ajoute la faible sensibilité à l’Action Culturelle des collectivités rurales. La difficulté est la cherté des déplacements.
- La concentration de structures professionnelles sur deux municipalités : Briançon et Gap, mais l’absence de compagnie professionnelle dans la région.
- De nombreux groupes amateurs qui ont animé la vie culturelle réclament fortement une reconnaissance.
- La nécessité de liens (professionnels - amateurs, communes rurales et villes), de lieux de travail et d’information.
* Le partenariat était au coeur des débats et différentes difficultés ont été répertoriées :
- les objectifs et le sens de ces pratiques sont à approfondir
- les points de vue parfois divergents entre partenaires
- la nécessité d’une rencontre et d’un dialogue entre structures culturelles, artistes et enseignants.
Les logiques ne coïncident guère : on veut assurer la pérennité des actions mais les intervenants reconnus pour le partenariat viennent de loin et pour peu de temps.
Un certain nombre de propositions ont été faites.

BILAN DES ASSISES DÉCENTRALISÉES : MARSEILLE - GAP
MIREILLE GRANGE
Il est nécessaire :
- D’implanter une compagnie professionnelle sur le département indépendamment des residences d’artistes à la Passerelle et la nécessité d’une “scène départementale” chargée d’une mission de partenariat avec les établissements scolaires qui permettrait un véritable projet de parcours artistique sur l’ensemble du département, à condition de créer un fond propre pour la prise en charge de coût de déplacements des élèves et des intervenants. Les participants précisaient que l’accès au theater doit cependant s’inscrire dans un espace culturel de proximité.
- De mettre en relation compagnies amateurs et compagnies professionnelles pour créer une pépinière et établir le dialogue.
Enfin est apparu l’expresse demande de légitimation des intervenants locaux en fonction de leur formation et des projets défendus, et la nécessité de trouver les moyens du dialogue avec les professionnels.
Ainsi les Assises ont mis en évidence des besoins communs et la nécessité d’engager des parcours, des projets qui restent à prendre en charge par les acteurs sur le terrain et les instances décisionnelles.
Les deux structures Massalia et La Passerelle qui ont collaboré avec le GRETE à ces Assises pourront- elles mettre en place dès cette année, de nouveaux projets avec les enseignants déterminés ?
Mais comment favoriser un réel développement des pratiques dans le premier degré et second degré dans les Hautes Alpes et à Marseille ?
Au coeur de ces questions la nécessité de convaincre les collectivités locales qu’elles doivent s’engager fortement dans une politique d’initiation artistique et culturelle indispensable à l’avenir de nos enfants et de la société.

A la suite des Assises de Gap une véritable politique d'éducation artistique en direction des élèves s'est mise en place à Gap avec le Théâtre de La Passerelle, puis bientôt à Briançon avec le Théâtre du Cadran.

CONCLUSION AUX ASSISES RÉGIONALES GRETE
EDUCATION ARTISTIQUE/CULTURELLE ET THÉÂTRE

MIREILLE GRANGE
En 1995 le GRETE a travaillé sur l’enjeu des pratiques théâtrales et leur devenir, de la maternelle à l’Université, dans le cadre des Assises régionales et nationales. Qu’en ressort-il ?
• UNE CONSTATATION : l’indispensable nécessité d’une politique artistique et culturelle associant les artistes à des enseignants formés capables de mener un projet dans trois directions complémentaires: relation aux spectacles, expérience de la pratique théâtrale, sans exclure la réflexion.
• UNE INTERROGATION : Quelle sera la place de l’artiste, sera-t-il au centre de ce dispositif ?
Depuis près de 15 ans, côte à côte ministères de l’Education et de la Culture mènent une politique de partenariat associant enseignants et artistes. Une réussite aux yeux de tous. Pourtant la Culture ne veut déjà plus du tête à tête et on élargit le partenariat à Jeunesse et Sports dans «la politique des sites», sans semble-t-il avoir suffisamment questionné l’expérience irremplaçable de la présence
de l’artiste dans ces pratiques. D’autre part dans les “options facultatives” l’on parle désormais de “correspondant culturel”. Pourquoi le ministère de la Culture préfère-t-il pour les options facultatives, "le correspondant culturel" ?
S’il est vrai que l’on peut s’approprier la culture théâtrale en dehors de la pratique, l’expérience esthétique doit privilégier l'appropriation par la pratique, appropriation “du sujet, et du monde”, favoriser l'élaboration symbolique et l’accession à un langage.
Mais ne sommes-nous pas en face de la cohérence d’une politique du ministère de la Culture ?
En effet, en ce qui concerne la politique de création, ne s’agit-il pas d’un choix, qui privilégie trop souvent une politique de consommation culturelle de produits bien faits, standards qui tournent d’un point à l’autre de la France “sorte de modèles” que l’on veut rentabiliser et base d’une culture commune de reconnaissance et non pas regard neuf qui nous étonne, nous révèle le monde où nous vivons ?
S’agit-il de choisir la pratique culturelle pour élargir une sensibilisation à l’art ou abandonne-ton le développement de la pratique artistique ?
Sommes-nous en train de constater l’impasse, sans reconnaître l’échec ? L’expérience avec l’artiste dans l’école, comme les enseignements artistiques eux-mêmes, ne permettrait-elle pas l’expérience de l’artistique ? Seul le culturel pourrait-il être partagé ?
Et remplacer l’artiste par le “correspondant culturel” ou associer Jeunesse et Sports ne changeraient-ils rien fondamentalement à ce qui se passait déjà ? Il est vrai que trop peu d’artistes se sont engagés totalement dans cette pratique partenariale, enjeu d’une société dans son rapport à l’art.
UNE URGENCE : qui prendra l’initiative de mettre en place cette politique d’éducation artistique et/ou culturelle ?
Nous sommes tous concernés en tant que citoyens ; pourtant les parents sont d’avantage sensibles à l’emploi, au savoir ; ils considèrent la sensibilisation à l’art ou comme supplément d’âme ou comme une affaire privée, qu’ils doivent eux-mêmes prendre en charge en dehors de l’école.
C’est à l’école que tous les enfants vont, que les différences sociales et culturelles peuvent encore se rencontrer et c’est donc à l’école qu’il faut permettre cette rencontre avec l’art et la culture vivante, dans un souci d’égalité.
Nous pensons qu'il y a un socle intangible commun et qu’il faut mettre en relation les différents arts à partir d’un seul. Le GRETE choisit de privilégier le théâtre, car comme Claude Capelier l’a fait remarquer aux Assises Nationales, le théâtre est le lieu traditionnel par excellence où se fait la liaison entre les formes de la culture savante et les formes modernes de la culture intermédiaire (rock… télé…) ce qui explique sans doute son succès dans le milieu scolaire, ajouté à sa pratique collective.
• UNE NÉCESSITÉ : la collaboration des différentes instances : “Démocratiser la culture, l’accès à l’art, un thème rebattu ? Pourtant l’accès à l’offre, le soutien aux artistes ne suffit pas. Pour Philippe Urfalino "c’est au ministère de mener une vraie politique de démocratisation et de résoudre l’accès à la réception et à sa qualité qui devrait s’appuyer sur une éducation artistique".
D’autre part, de nouveaux dispositifs avec l’aménagement du temps scolaire renforce l’importance du choix des collectivités, ces dernières ont les compétences culturelles qu’elles se donnent : soutenant ici des projets, organisant là rencontres, tournées, redécouvrant parfois tout le cheminement commencé il y a près de 20 ans dans le domaine Théâtre / Education.
Il est encore trop rare que l’accès aux oeuvres, la pratique théâtrale, la rencontre avec l’art à tous les âges soit une priorité ou une politique que l’on mène à long terme. On préfère bien souvent l’effet médiatique, immédiat qui permet à l’élu de rendre des comptes. Les différentes instances devraient privilégier la collaboration pour mettre en place une politique cohérente en faveur de sa jeunesse.
Une tentation à éviter la médiation :
Mais comment ces différentes instances nationales, régionales, locales peuvent-elles travailler ensemble pour permettre des projets et une politique ?
Attention à la médiation, l'entre deux mondes ! Produire des intermédiaires, des interfaces qui n’appartiennent plus à aucun univers ne permet pas la construction de politiques valables. Il faut oser les confrontations directes, les paroles ancrées, la rencontre féconde de l’altérité. Comme dans le partenariat direct artistes / enseignants qui a fait ses preuves, toutes les différentes instances doivent travailler ensemble dans un espace, un temps neutre pour que chacun puisse discuter de son point de vue.
Un vrai partenariat, pour une éducation artistique et culturelle nécessite une volonté politique et la collaboration entre toutes les instances avec les partenaires artistiques et culturels, les acteurs de terrain, les usagers et les associations qui ont expérimenté et engagé les pratiques Théâtre / Education depuis longtemps.

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ASSISES 1995 suite et fin...

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