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(journées, colloques) que le GRETE a menées
"BRAISES"
Texte de Catherine Verlaguet - Compagnie Artefact - Théâtre Garance Cavaillon - 2018
mise en scène Philippe Boronad
Deux sœurs, Leila et Neïma, sont confrontées au poids de la filiation et au respect du mode de vie incarné par leurs parents. Emportées par les premiers émois amoureux, elles nous tendent en miroir leur quête libertaire de femmes en devenir. Braises revient à cette mission première du théâtre : permettre, à travers la
fiction, de s’identifier aux autres pour s’interroger soi-même. Pour cette nouvelle création, Philippe Boronad poursuit son exploration d’un langage scénique
transdisciplinaire, fortement inscrit dans l’utilisation des nouvelles technologies. Il nous livre un théâtre capteur de notre époque qui tisse des fragments de vie dans un flux qui est celui même du temps.
INTENTION
Je suis d’avis que le théâtre a aussi pour mission de provoquer le dialogue. Que la fiction permet de s’identifier aux autres, pour s’interroger sur soi-même. Braises traite d’un sujet brûlant parce que d’actualité. Le repli culturel que l’on observe dans certains quartiers soulève des débats houleux sur ce qu’est l’identité nationale. Je considère que c’est aussi à nous, artistes, de prendre la parole pour la donner. A nous de construire des ponts, de faire entendre des voix que l’on tait trop souvent par peur de s’y confronter.
Catherine Verlaguet
Ce qui fait œuvre, c’est ce qui fait lien.
À l’origine de ce projet, il y a notre propre effroi. Notre devoir d’alerte. Notre sentiment d’urgence. Notre constante interrogation sur notre rôle et nos responsabilités, en tant qu’artistes, au sein de la société. Notre conviction de l’intense nécessité à rester vigilant, à soulever des questionnements, à susciter des réactions. À rencontrer les hommes. A tisser ou retisser du lien. A rompre l’enfermement. Parce que nous croyons que ce qui fait œuvre, c’est ce qui fait lien. (…) La crise véhicule des peurs ataviques. Des peurs à l’origine d’enfermements divers. La peur, le repli sur soi, l’isolement rompent les liens humains, sociétaux, familiaux, territoriaux. L’exploration menée a vocation à renouer le lien profond entre les êtres, quelque soit leur appartenance. Et pour ce, elle se doit d’inventer de nouvelles voies : être foncièrement participative, immersive, fédératrice, généreuse.
Philippe Boronad
DISTRIBUTION
Texte: Catherine Verlaguet
Mise en scène: Philippe Boronad
Jeu: Manon Allouch, Leïla Anis, Aïni Iften
Création vidéo: Nicolas Helle et Armando Menicacci
Création Sonore:Nicolas Déflache
Flûtes enregistrées: Leonardo Garcia
Scénographie: Philippe Maurin
Régie Générale : Vincent Salucc
LA PIÈCE
Deux filles et une mère, au matin du mariage de l’une des deux sœurs. Entre mariage forcé pour Leila et amour désespéré pour Neïma, Braises expose avec talent la situation des adolescentes et des femmes d’origine maghrébine en France, emprisonnées entre tradition et violence, dans le carcan d’une culture qui les repousse en marge de notre société.
EXTRAITS
Dans un monde, on t’apprend que ton corps t’appartient, qu’il faut le respecter et que c’est à toi de décider, avec ton corps, avec ta tête, quoi faire de lui. On te parle de préservatif, de pilule, d’avortement, même de droit au plaisir...
Dans l’autre monde, on t’apprend que ton corps ne t’appartient pas, mais à celui auquel tu seras mariée. Jusque là, ton corps, il faut le cacher, le préserver... Tu ne peux pas donner ce qui ne t’appartient pas. C’est une question de respect. (…).
Tu trouves pas ça drôle, toi ? Que nos copines vivent dans un pays et nous, dans un autre, alors qu’on est assis dans la même classe ? Dans la même classe où nos parents, nos frères, nos sœurs dessinent les frontières à notre place ? Tu trouves pas ça drôle, toi? Parce que moi je trouve ça drôle. Hilarant, je trouve ça. Mais sinon, je peux aussi en chialer, si tu préfères.
MISE EN SCÈNE ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
Les nouvelles technologies constituent pour nous des organes scéniques contemporains, aussi évidents que la lumière ou le son. Ces outils seront donc naturellement intégrés à nos laboratoires de recherche et aux phases d’exploration au plateau, puisque notre démarche partira de ce compagnonnage avec un auteur vivant, autour d’un plateau de théâtre, intégrant collectivement à notre processus de recherche, une équipe pluridisciplinaire. Les nouvelles technologies rendent compte d’un monde complexe où coexistent plusieurs niveaux de réalité. Le son et l’image, traités en direct, permettent de travailler sur des hors-champs, des espaces-temps différents, des mondes parallèles, des antériorités ou des prolongements à l’action réalisée au plateau. Réel et virtuel se confrontent dans un processus perpétuel de détournement des codes.
(extraits du dossier de presse).
COMPTE RENDU DU PASS’ARTS «BRAISES»
Cavaillon 23 janvier 2018 de 14h à 18h30
La séance commence avec les comédiens, l’auteur et l’assistante à la mise en scène Thiphaine Laubie, sur le plateau pour évoquer aux 35 élèves de 1ère du lycée
Philippe de Girard, qui ne font pas de théâtre mais travaillent sur les femmes.
Catherine Verlaguet, auteure raconte l’origine de ce texte »Braises » dont la gestation fut longue.
Depuis l’adolescence Catherine Verlaguet, qui vit tranquillement dans une région rurale du Sud Ouest est à l’écoute du monde et des différences entre les gens, est bouleversée par l’immolation par un groupe d’hommes d’une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. Et pendant des années elle pense à écrire un texte sans se donner la permission de le faire.
Alors qu’elle est comédienne animant des ateliers des jeunes femmes vivant des situations difficiles la persuade que c’est à elle d’écrire.
Ainsi ce texte sera monté par Philippe Boronad et tous deux choisiront Leïla Anis pour incarner l’héroïne.
Les actrices parlent de leur travail ; on évoque l’espace de jeu mais rapidement une rencontre après le spectacle étant prévue.
Deux groupes.
Deux ateliers successifs :
- pratique théâtrale et écriture
- écriture théâtrale et pratique théâtrale
I - Pratique théâtrale avec Tiphaine Laubie
J’observe un groupe, atelier pratique théâtrale et écriture, de 16 élèves mené par Thiphaine Laubie.
Ces élèves n’ayant pas fait de théâtre sont un peu décontenancés, rient aux exercices d’échauffement qu’on leur propose : échauffement des parties du corps en cercle, puis on se passe des geste avec arrêt, retour au signal.
C’est un peu difficile; on marche; on s’arrête au signal; un geste ; immobilité etc…
Puis on revient au propos de la pièce :
- en ligne regarder la personne en face avec des consignes : on a quelque chose à se dire, puis un problème à régler ; travail sur les stéréotypes les filles improvisent ; les garçons au sport ; les garçons font les filles faisant du shopping, les vieux, femme enceinte ; on note tous les stéréotypes ; on en parle ;
- marche dans l’espace : une partie du corps : nez, épaule entraîne le corps
- puis en cercle travail sur une note grave/aigüe, chœur ; peu à peu ils y arrivent ; puis déplacement vers les autres.
- on parle du théâtre, le corps, l’action
Plusieurs impros :
- une rencontre en groupe quelqu’un à quelque chose d’important à annoncer - un couple : l’un d’eux est en colère l’autre s’explique : ils miment ; on essaie d’expliquer que le théâtre à des règles, ne pas mimer ; on reprend on explique que le corps peut s’exprimer autrement : un geste, un déplacement repris plusieurs fois.
C’est intéressant de voir l’évolution de ces jeunes, heureux, plus à l’écoute ayant envie de persévérer.
Les corps se sont peu à peu transformés, présents dans l’espace
II – Atelier d’écriture avec Catherine Verlaguet
On échange les groupes d’élèves
Échauffement d’écriture :
- par association faire liste de mots à partir d’un mot lancé par Catherine Verlaguet ; ex : tomate, crépuscule, écriture puis lecture.
- explication sur type de mots, d’association, aller vers la poésie, sans chercher le sens
- les élèves échanges par deux des mots : mots comme une couleur sur une palette, faire écriture à partir de quelques mots qui provoquent quelque chose en soi, on laisse venir sans censure…
- lecture des textes
Catherine Verlaguet demande qui s’est amusé :
seulement quelques uns pour chaque question ; la plupart ont essayé d’écrire - travail sur les images, les comparaisons physiques inventer ; par exemple : non pas rouge comme une tomate mais rouge comme un premier baiser ; trouver plusieurs images, ressentir après le travail ; lecture.
- choisir un personnage non nommé en faire un portrait à base d’images "évoquantes travailler sur les sensations ; ex : elle s’habille comme une tempête
- lecture émouvante des textes
Les deux groupes ont été assez dissemblables: l’un a mieux osé davantage dans l’écriture, l’autre dans la pratique théâtrale mais tous les élèves ont apprécié, ont été surpris positivement par ce type de travail et ont envie de recommencer.
Rencontre/questions puis élaboration des traces par groupes.
Bonne journée agréable avec un vrai partage entre les élèves, les enseignants et les artistes.
Le débat après le spectacle a permis de conclure la journée avec l’intervention du metteur en scène.
Mireille Grange