top of page

Méthodologie

Le GRETE propose des actions accompagnées de dossiers ou de fiches (voir séminaires et publications)

FICHE ÉCOLE DU SPECTATEUR

FICHES POUR PROJETS ÉCOLE DU SPECTATEUR

Étude du Grete sur le partenariat :
premier thème abordé pour convaincre les enseignants et les artistes.

 

FICHE N°1 JANVIER 1991
LE PARTENARIAT - MODE D'EMPLOI

(réalisé à partir de l'étude du GRETE sur le Partenariat)

RAPPEL HISTORIQUE DES PRATIQUES THÉÂTRALES DANS LE SECOND DEGRÉ
Avant les années 1970

Il existait des pratiques théâtrales variées dues à l'initiative d'un enseignant ou d'une compagnie qui avaient lieu soit :
- pendant les cours en tant que complément de la littérature ;
- ou pendant les "activités dirigées" (les enseignants étaient rémunérés) qui permettaient à des clubs de théâtre de monter un spectacle.

D'autres expériences ont pu être menées:
- grâce à des compagnies subventionnées par le ministre de la Culture qui assuraient des animations en direction des enseignants ou des élèves;
- grâce à des heures spécifiques dans des établissements expérimentaux.

Enfin du côté des spectacles les enseignants amenaient leurs élèves en matinée ou prenaient des abonnements ; on faisait venir dans l'établissement un spectacle qui avait reçu l'agrément de la commission rectorale de visionnement des spectacles.

Théâtre et éducation : deux mondes en crise en 1991

L'image d'une éducation "dégradée" rejaillissait sur les intervenants. Les compagnies qui avaient travaillé avec l'école (PAE) étaient dévalorisées de ce fait même, aux yeux de la Culture même si par ailleurs leurs créations pouvaient être appréciées. Il semble que cela change avec les textes sur les enseignements artistiques (JOSPIN - LANG).


Aujourd’hui toutes les compagnies les théâtres doivent avoir un volet en direction des publics et surtout des scolaires.
Les droits culturels étant reconnus l'éducation artistique et culturelle devient une dimension de l’activité de création, construire les relations entre l'artistique et le social, deux faces du même   projet.

Le partenariat et la collaboration de deux ministères Éducation nationale et Culture)

C'est la volonté des deux ministères E.N. - Culture, qui depuis 1983 (Protocole d'accord du 29 avril 1983) ont commencé une collaboration pour des actions en milieu scolaire concernant les enseignements artistiques et l'Action Culturelle (ateliers, options...).

La loi relative aux enseignements artistiques du 6 janvier 88 confirme cette orientation (n° 88-20).
Ainsi un cadre varié est proposé aux enseignants pour développer le partenariat:

- d'abord les PAE et la politique d'Action Culturelle (50 à 60 PAE théâtre par an dans l'académie Aix - Marseille) (Bo n° 27 9 juillet 87) ;
- les ateliers de pratique artistique (24 ateliers artistiques en 1990 et 30 en 1991-1992 – 105 en 2002) (Bo n° 27 du 9 juillet 87, Bo du 1er septembre 88, Bo n° 21 mai 89, et Bo 4 avril 1992 sur les ateliers de pratique) ;
- les options théâtre section A3 (3 options dans l'académie, bientôt 4) (Bo n°13 du 2 avril 87, Bo du 3juillet 87, Bo n°28 du 16 juillet 87, Bo n° 41 du 16 novembre 89, Bo 25 juillet 91)... (5 en 2002 / 13 options facultatives).
- les classes d'initiation artistique du 1er degré (BO 4 septembre 87).

La formation des personnels est encouragée ( circulaire 6/02/87 n° 87052).

La "détermination de compétence" a été rappelée lors de la rencontre des deux ministres (JOSPIN / LANG) le 5 décembre 88.

Le décret en Conseil d’État du 6 mai 88 et les arrêtés qui lui font suite précisent d'une part les conditions dans lesquelles les professionnels peuvent être habilités à intervenir en milieu scolaire, d'autre part qui a autorité pour délivrer cette habilitation.

Dans le cadre de certaines formes d'organisation pédagogique, il peut être fait appel à des intervenants extérieurs, sur proposition de l'enseignant responsable des enseignements et activités concernés.

Dans tous les cas, l'enseignant conserve l'entière responsabilité de l'organisation pédagogique des activités, le travail de l'intervenant devant être intégré dans le projet défini ensemble.

"LE PARTENARIAT" OU LE CHAMP DE L’ÉDUCATION DEVIENT UNE PRÉOCCUPATION SOCIALE

Le partenariat s'inscrit dans l'ensemble du microcosme et du macrocosme social et culturel; il ne pourra que s'asphyxier s'il n'y a pas collaboration entre le terrain et l'ensemble des décideurs.

II s'agit d'abord :
- D'un couple “enseignants - intervenants culturels”
qui est toujours singulier, unique, spécifique et qu'il faut reconnaître comme tel.
- Avec un groupe d'élèves, classe ou volontaires, avec des particularités sociales, culturelles, individuelles, qui est lui même un groupe particulier original.

Dans un établissement scolaire avec ses caractéristiques, son projet et dans une entreprise théâtrale elle-même spécifique.
- Le partenariat c'est la mise en relation de deux entreprises, deux mondes à découvrir avec leurs règles, leur organisation, leur production. Les deux entreprises doivent s'impliquer le plus possible pour construire le partenariat, et négocier un contrat, une convention.

- Au sein d'institutions : Le Rectorat et la Direction Régionale des Affaires Culturelle qui ont accepté le projet mais doivent l'accompagner, valoriser, soutenir, faire évoluer le partenariat naissant.
- Au sein d'une cité, d'une région avec des collectivités et territoriales. Leur politique facilitera l'inscription réelle du partenariat et du théâtre dans la cité (ex: construction de lieux théâtraux dans les établissements, aides pour les spectacles à voir, à faire...).
- Dans un contexte politique : le ministère E.N. a un désir, il est demandeur et l'offre de la Culture n'est pas suffisante face à ce géant.
Le ministère de la Culture propose les professionnels du théâtre qu'il reconnaît et finance et affirme clairement son objectif: "que l'expérience qui compte est celle du contact avec les oeuvres de la plus haute qualité".
Dans la charte de 1989 l'objectif n' 6: l'action en milieu scolaire devient même un volet de la politique générale de la direction des théâtres pour "promouvoir l'accession au théâtre".

Le mode de fonctionnement actuel du partenariat comprend : surtout des interventions ponctuelles des professionnels du théâtre qui s'intègrent dans la démarche des enseignants; parfois des professionnels, apportent leur expérience, leur démarche de création propre en liaison avec leurs réalités artistiques au sein de l'école plus rarement existe un véritable partenariat où les responsabilités sont partagées entre enseignants et professionnels, où les compétences des uns et des autres permettent un "co-pilotage" réel des activités, résultat d'un contrat négocié, où la répartition des tâches, la conduite des séances mêlent aspects pédagogiques et artistiques dans des relations complexes et variées.

Le partenariat : une dynamique intéressante
Une volonté de co-éducation des jeunes par des professionnels de l'enseignement et du théâtre mais qui pouvait faire peur, dans un premier temps:
- peur des enseignants, (qui ont fait entrer cette pratique dans l'école) d'être supplantés par les professionnels, que le théâtre appartiennent aux seuls professionnels
- peur des intervenants culturels de devenir des spécialistes de la formation, de se couper de la création, d'être vampirisés par la monstrueuse demande de l'école
- peur des contraintes matérielles, des mauvaises conditions de travail pour tous; du manque de considération de ces activités par les chefs d'établissement et par la société se révèle développer une véritable dynamique.

N'oublions pas qu'il s'agit de deux mondes à priori différents réunis par le désir de théâtre :
- L'enseignant est un fonctionnaire qui bénéficie d'une certaine sécurité ; ce qui peut d'ailleurs, lui peser.
- L'intervenant est un artiste dans l'insécurité (ce qui peut mal supporter).
- L'un a l'habitude d'enseigner, que ce qu'il sait.
- L'autre cherche toujours, ne sait pas, sa démarche est empirique.
- Et au centre les élèves.
(Consultés sur le partenariat, ils sont toujours enthousiastes. Cette expérience à deux têtes les enrichit fondamentalement de même que la rencontre d'un monde professionnel).

Au centre du partenariat : projet et négociation

Élaborer un projet:
L'élaboration du projet doit se faire non seulement en fonction de textes - programmes mais de la spécificité et des désirs forts de chacun (enseignants, élèves, intervenants) un projet commun ne peut se faire que si chacun est porteur d'un désir qui va alimenter la dynamique du projet commun.
- Ainsi doit être préalablement éclairci pourquoi enseignants et intervenants ont choisi de faire du théâtre dans ce contexte : (rêve non réalisé du côté enseignants, besoins financiers, de considération du côté de l'intervenant ne doivent pas être exclus...).
- Il est nécessaire qu' intervenants et enseignants soient en accord sur la nécessité profonde du partenariat (que l'enseignant soit persuadé que l'artiste est nécessaire, et que l'artiste soit persuadé que l'enseignant est nécessaire).
- Enseignants et intervenants, porteurs d'un projet, doivent pouvoir y inclure ce qui les préoccupe fondamentalement ; ainsi pour les intervenants, leurs préoccupations, leurs démarches de création. Doivent-ils ou non s'adapter aux besoins de l'école?
- Enfin les élèves doivent-être consultés. Quels désirs ont-ils de faire du fhéâtre ? Jouer, se re-créer, aborder un art...?
Le projet doit être négocié entre ces trois partenaires, puis pris en compte par les deux entreprises : théâtrale et scolaire (l'institution scolaire doit davantage l'inclure comme activité à part entière dans son projet et le soutenir). Elles doivent l'inclure toutes deux dans leur emploi du temps, leurs fonctionnement, mais aussi dans leurs préoccupations. Les jeunes pourront ainsi connaître que l'entreprise théâtrale ce n'est pas seulement la création, mais une gestion, une administration, un pôle technologique.

II faut prévoir les étapes du projet et les moments de concertation de l'équipe mixte.

La négociation : élément fondamental du partenariat
- L'équipe devrait définir des objectifs communs fondamentaux : sont-ils plutôt artistiques ou éducatifs ?
- L'orientation principale commune est indispensable et évite bien des désillusions si elle est discutée ; peu importe le choix, mais il faut être d'accord:
Théâtre finalité en soit ou outil ?
Le théâtre, dans le projet: sera-t-il plutôt l'objet, en tant que discipline artistique ou sera-t-il plutôt un outil? au service de la formation d'individus sensibles, ouverts au service des apprentissages scolaires à faire. ou servira-t-il plutôt à former de futurs spectateurs? ou un mélange : on peut chercher aussi l'articulation entre le ludique et l'artistique.
Dans tous les cas, il faut choisir une dominante et il faut prévoir une relation aux œuvres (spectacles) pour permettre des repères et donner la dimension sociale, culturelle et artistique du théâtre. Bien sûr le théâtre peut-être un outil pédagogique avec la dimension artistique mais c'est le choix dominant, dit ou non dit, qui entraîne une démarche particulière qui peut-être par la suite source de conflits entre les partenaires, si ce n'est pas explicité.

Il est important de définir :
* la place du jeu et du plaisir
- Toutes les pratiques possibles mais il est important d'en discuter, de se positionner "du théâtre sans jeu au jeu sans théâtre ?" du plaisir immédiat au plaisir différé dans une discipline ascétique.
* A qui l'on s'adresse ?
- A toute la classe A l'individu et à ses possibles A l'acteur virtuel dans une exigence artistique Tous les jeunes joueront-ils, ou seulement les plus impliqués?L'enseignant s'adresse à l'ensemble des élèves; l'artiste lui peut s'adresser à un seul, il peut oser être le maître, l'initiateur de quelques uns dans une rencontre artistique.
* S'il y a représentation ?
Elle n'est pas indispensable dans cette recherche et son rôle devrait être discuté de même que, le temps qu'on lui consacrera.
L'équipe devrait définir une éthique commune, un contrat de partenariat.
* Vis à vis des jeunes
- Respecter la personnalité des jeunes (qui ont besoin d'admirer) ne pas profiter de son statut d'artiste ou d'enseignant pour opérer une séduction aliénante.
- Le projet leur étant destiné ils doivent être la préoccupation majeure de l'équipe.
* Vis à vis des membres de l'équipe
Lors de la négociation, le type de financement que l'on prévoit va souvent clarifier les rapports entre intervenants et enseignants et désigner le chef de projet: - si l'argent est EN c'est plutôt l'enseignant - si c'est la culture, il s'agit plutôt d'un copilotage.

Définir la répartition des tâches :
C'est là que le conflit peut s'engendrer en effet enseignants et intervenants ne sont pas toujours d'accord sur les tâches qui leur reviennent:
- un intervenant: "je ne suis pas prof, la pédagogie, je m'en fous, ce n'est pas de mon ressort" un autre : "nous ne sommes pas pédagogues ; moi je veux épanouir les élèves et les système scolaire veut les faire entrer dans les normes" un autre :"je vois mal comment l'enseignant peut conduire la séance, je ne fais pas le cours de français ?" L'analyse des situations sur le terrain montrent que les enseignants assument les tâches administratives d'organisation, de coordination, le choix des thèmes, des pièces, l'analyse des textes, la répartition des rôles mais aussi des exercices, du travail d'acteur, la mise en scène, ils s'occupent des décors, de la musique quand il y a représentation. L'enseignant doit être le plus formé possible pour pouvoir comprendre la démarche du partenaire ou assurer le travail artistique.
Le partenaire culturel fait faire le travail d'acteur, s'occupe de la mise en scène; il approfondit le travail de l'enseignant ou le prend en charge totalement ; mais les contraintes des métiers artistiques obligent toujours l'enseignant à assurer certaines séances. Le partenaire doit connaître toutes les contraintes du milieu scolaire.

* On dénonce :
Le fait que le comédien soit considéré seulement comme un outil technique ou que l'enseignant soit relégué au rang d'apprenti au fond de la classe que les institutions financent les projets, lorsqu'ils sont réalisés, voire même un an après.
* On affirme :
Qu'il ne faut pas estomper les différences qu'il ne faut pas de chasse gardée qu'il faut se convaincre que l'autre est indispensable qu'il faut beaucoup d'écoute, de temps pour reconnaître l'autre que pour construire un vrai partenariat, il faut aussi une formation des partenaires au partenariat.
* Dans tous les cas il faut :
- une reconnaissance mutuelle entre enseignants et intervenants, un respect des spécificités de chacun (compétences, savoirs faire, savoir être, désir) accepter une autre expérience, une autre vision du monde, reconnaître ses manques, et pour les enseignants renoncer un moment au référent scolaire.
- prendre le temps :
• de chercher ensemble ses complémentarités et une démarche singulière
• de s'intéresser au métier de l'autre (stage dans l'entreprise, dans l'école, voir les créations de son partenaire etc).
• de la concertation et de la réflexion. Ce temps est indispensable et les structures responsables devraient le prendre en compte et le financer.
Pouvoir redéfinir le projet en fonction de ce qui se passe dans l'équipe et avec les élèves.
Reconnaître l'apport irremplaçable du conflit : il n'y a partenaire que parce qu'il y a différence voire même opposition. La négociation devient un élément fondamental dans la dynamique du projet et doit se renouveler à différentes étapes. Une concertation régulière est nécessaire, il faut la prévoir lors de l'élaboration du projet.
Exiger de bonnes conditions de travail dans l'entreprise théâtrale comme dans l'établissement scolaire. Quelques séances devraient avoir lieu au théâtre.

Évaluation
L'équipe évalue :
Évaluer le projet et le fonctionnement du partenariat à la fois pendant son déroulement et à la fin pour redéfinir l'orientation si nécessaire.

En fin de parcours plusieurs niveaux d'évaluation peuvent être envisagés :
- une évaluation par l'équipe (des objectifs, du contrat établi, les écarts, les causes...)
- une évaluation des élèves, peut -être faite par les élèves et l'équipe et mesurer ainsi certain acquis au niveau: personnel relationnel institutionnel cognitif culturel.

Le théâtre : apport culturel et méthodologique
La démarche étant particulière : le théâtre touche directement les personnes, les corps, les sensibilités, le résultat dépend de l'implication de chacun ; il ne peut être évalué comme une matière d'enseignement; même si les acquis sont mesurables, il agit à long terme.

Un germe est semé dans la vie d'un individu...
Comment évaluer dans cette spécificité les démarches théâtrales? Le spectacle n'est pas un mode d'évaluation en soi.

N'oublions pas que le théâtre est un art ou un artisanat et que la démarche se fabrique dans l'expérience : il serait dangereux de tout vouloir déterminer à priori. On peut envisager des étapes avec des objectifs précis mais il faut reconnaître toute la valeur formatrice du théâtre dans cette quête imprévisible, née de l'expérimentation tout à fait singulière que feront les jeunes, démarche où la maturation se fait de jour en jour, de manière fragile avec des avancées, des reculs, des stagnations et qu'un observateur ne pourrait en rien déceler; pourtant au bout d'un temps et on ne sait pas toujours comment, on accouche du fondamental.

La démarche globale est essentielle et c'est cela que le théâtre apporte à l'école dans ce siècle de technologie. Il faut préférer cette globalité à une démarche compartimentée (ex : par des exercices) pour acquérir les apprentissages que permet la pratique théâtrale.

Le partenariat est une aventure et doit sans cesse se renouveler.

bottom of page